L’Art, c’est comme la politique : ce n’est pas parce qu’on n’y connaît rien qu’on ne peut pas en parler. A Changé aux Ondines le mercredi 11 décembre, Alex Vizorek en aura des choses à dire sur la musique, la sculpture, le cinéma ou encore l’art moderne. En parallèle à son spectacle, Alex Vizorek fait couple avec Charline Vanhoenacker dans l’émission culte «Par Jupiter» sur France Inter, chaque soir de la semaine à 17h. Rencontre avec le phénomène de l’humour belge.
Enfant caché de Nana Mouskouri et Hugh Grant ?
Cette description est un peu datée. Hugh Grant, c’était pour la mèche. Au début du spectacle, je mettais des lunettes carrées pour me donner un petit air intelligent. Je m’en suis séparé car la thématique de l’art se suffit à elle-même. Ce spectacle n’a rien d’intello, malgré les sujets traités. Si vous êtes fan d’art, vous y retrouverez sans doute des références. Si vous ne l’êtes pas, vous rirez de choses que vous découvrirez.
Ingénieur ou acteur ?
J’ai fait mes classes dans la prestigieuse école de commerce Solvay. C’est compliqué de se rendre compte que l’on n’est pas fait pour ce que l’on étudie ou ce que l’on travaille, surtout quand cela fonctionne. Je n’étais ni bon ni mauvais élève : je réussissais mais cela ne m’intéressait pas du tout. Je me rendais compte que ce n’était pas moi, sans savoir ce qui pourrait me révéler. Une voix intérieure m’a poussé à tenter autre chose avant de m’enfermer en ingénieur de gestion dans une banque. Ce fut probablement ma meilleure décision. Je suis venu au Cours Florent à Paris parce que j’avais eu plus jeune des expériences ponctuelles autour du métier d’acteur. Je me suis aperçu que j’étais bon dans l’écriture de texte et que j’aimais le one man show.
Blocage et éclosion ?
Le cours Florent, c’est bien d’y aller pour réussir et c’est également enrichissant d’y aller pour rater. Être acteur n’est pas donné à tout le monde, on peut prendre un mur. J’ai constaté que le métier d’acteur instinctif n’était pas entièrement pour moi alors que je m’épanouissais seul en scène, avec mes textes. Si j’avais dû faire ma carrière en jouant Roméo et Juliette, je n’aurais pas réussi. Aujourd’hui, avec l’expérience, je suis plus à même de me jeter dans le vide. A 25 ans, le lâcher-prise n’était pas pour moi automatique. J’ai débloqué le blocage du comédien par l’écrit.
Art ou politique ?
L’Art est politique, c’est un fait. J’ai plus de mal à vous vendre l’inverse. J’aime bien comparer parfois des œuvres à des moments de vie, c’est révélateur. Pendant le spectacle, je montre un tableau blanc et j’explique que Piero Manzoni, son auteur, est un peu à la peinture ce que Penelope Fillon est à l’assistanat parlementaire, parce qu’il n’a pas essayé. J’ose imaginer que bien faite, la politique peut être un art. En tout cas, il y a un art oratoire, c’est incontestable.
Humour et conséquences ?
Je pense que Guillaume Meurice et moi sommes très bienveillants. Frédéric Fromet a un côté impassible. Cependant, quand il s’attaque à un sujet derrière sa voix fluette et ses chansonnettes à la guitare, il est parfois très sec. C’est ce qui fait son talent et sa drôlerie mais le public 1er degré ne lit pas forcément le second, ce qui lui vaut des inimitiés.
Pamela Anderson ou Paris Hilton ?
C’est du domaine privé. J’aime bien jouer des personnages à la radio. Même si j’ai assez vite fait savoir que j’aimais les cougars, ce qui n’est pas entièrement faux, c’est un trait de caractère accentué. Juliette Arnaud n’est pas une ivrogne mais c’est toujours rigolo d’imaginer qu’elle sort de l’apéro. Quand les micros se coupent, nous ne sommes plus les mêmes. Je pense que concernant mes rapports aux femmes, vous me surestimez un petit peu !
Belgitude et Thalys ?
Je porte un regard décalé sur l’actualité et épingle avec beaucoup de tendresse les travers des habitants des deux pays. Le fait que je ne vote pas chez vous implique quelque chose. Pour le Français, je n’apparais pas partisan.
Blague belge ?
Comment faire une plus-value sur un Français ? On l’achète au prix qu’il vaut et on le revend au prix qu’il pense valoir.
Propos recueillis par Christophe Feuillet et publiés dans le magazine de décembre 2019.