Chansonnier, chroniqueur en chanson comme il se définit lui-même, Frédéric Fromet n’aime pas parler de son intimité et dément toute information le concernant sur Internet. N’assumant pas son premier métier de professeur de culturisme qu’il trouvait peu crédible, il s’invente un passé au gré des interviews. Connu du grand public notamment grâce à sa chanson hebdomadaire sur France Inter, l’artiste dénonce avec beaucoup de pertinence les travers de notre société. L’invité spécial du Chaînon Manquant et des Embuscades gratte sa guitare vitriolique en Mayenne. «Ça fromet !»
Militant ?
Surtout pas, je m’en défends ! Un peu engagé, beaucoup concerné. Un militant porte des œillères et est embrigadé dans son existence, ce qui j’espère n’est pas mon cas. En revanche, je suis très reconnaissant. Je n’ai jamais rencontré Lara Fabian à qui je dois tout et pourtant j’en rêve. J’ai écrit ma toute première chanson après l’avoir entendue chanter, je me suis dit que cela n’avait pas l’air trop compliqué d’écrire et aujourd’hui, je le confirme, c’est assez simple.
Bobo(lino) ?
Maintenant que je me suis bien foutu de ma tronche, je vais pouvoir m’occuper de la vôtre. L’autodérision est ma ligne de conduite. Rien ne justifie de se prendre au sérieux. Pour tailler les autres, il faut d’abord être capable de s’envoyer une charge autobiographique. Sur cette base, tout est ensuite permis.
Sur scène ?
Nous sommes trois. Pour ceux qui me connaissent à travers la chronique de France Inter, il y a un vrai changement car ce sont de vrais musiciens qui m’accompagnent, contrairement à moi qui fait gling gling avec un bout de bois et des cordes. Rémy Chatton joue de la contrebasse, de la grosse-caisse, et François Marnier du clavier et de l’accordéon. Musicalement, c’est joli. Il y a des chansons tirées de mes chroniques, ainsi que quelques créations personnelles : c’est donc encore plus chiant qu’on ne pourrait l’imaginer.
Inspiration ?
Tout vient de la lecture. Pour écrire, il faut lire. Mes sources d’inspiration sont la presse quotidienne et les prospectus publicitaires que je dévore : souvent les gens collent un «Pas de pub, merci» sur leur boîte aux lettres. Personnellement, plus il y en a, plus je suis content. Tout est prétexte à trouver une idée, un angle.
Liberté ?
Ce qu’on appelle les réseaux sociaux et que je préfère qualifier d’asociaux ont leur part de responsabilité dans l’évolution rétrograde de la liberté d’expression. Mes chroniques sont véhiculées comme jamais et sortent bien souvent de leur cadre d’expression, de leur contexte, et arrivent chez des gens qui n’ont pas les mêmes cultures, les mêmes codes de compréhension. Cela créé parfois des réactions complètement incompréhensibles. Je comprends que présenter un dessin de Charlie Hebdo sans expliquer qu’il est en issu puisse choquer.
Peur ?
Cela m’arrive évidemment. C’est assez facile de déverser sa haine à travers un réseau virtuel, un commentaire. Finalement, c’est humain. Cela ne va pas plus loin, heureusement. Je ne défie personne en disant çà. La violence est quelque chose qui m’est complètement étranger. Je ne comprendrai jamais pourquoi et comment une chanson peut déclencher autant de violences. J’ai parfois quelques appréhensions.
Précautions ?
Je n’en prends pas de particulières dans l’écriture de mes textes car, même avec l’expérience, je ne parviens pas à m’en imaginer les conséquences. Par exemple, je ne savais pas que les pro-corrida pouvaient être aussi haineux. D’une manière générale, l’intégrisme me dépasse, quel qu’en soit le domaine.
Aimé ?
Comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma.
Je suis très gêné par les compliments. En a-t-on vraiment besoin quand on écrit des chansons ? Mon rêve de bonheur, c’est un plateau de fromages. Ce que je déteste par dessus-tout, c’est la méchanceté.
Plus d’info sur : https://www.fredericfromet.fr
Propos recueillis par Christophe Feuillet et publiés dans le magazine de septembre 2017.