Boris Vian a conquis une célébrité posthume grâce à ses romans excentriques et décalés. On l’associe aussi au jazz du Saint-Germain-des-Prés des zazous et de l’après-guerre. Mais il ne s’est pas contenté de jouer de la trompette au Tabou. Vian a écrit durant une dizaine d’années des chroniques de jazz pour la revue Jazz Hot. Il s’y montre partisan du be bop, nouvelle forme de jazz que critiquent des conservateurs rétifs à l’évolution artistique. Il souligne avec humour l’incompétence de journalistes qui parlent du jazz sans rien y connaître, dénonce le racisme dont souffrent les jazzmen noirs dont la musique profite surtout aux Blancs qui l’imitent sans en avoir le génie. Il cultive aussi les jeux de mots et le non sens qui ont fait sa popularité, tout en se montrant paradoxalement plein de bon sens et de pédagogie. Son écriture, pleine d’allant et de fraîcheur, n’a pas une ride. Ses chroniques de jazz restent l’outil idéal pour quiconque veut s’initier à l’histoire du jazz et à ses musiciens les plus représentatifs.