Sur son site internet, le Pôle régional des musiques actuelles des Pays de la Loire propose un kit pédagogique concernant les risques auditifs. Le constat est simple : 81% des jeunes interrogés déclarent écouter au moins une heure de musique par jour. Près d’un adolescent sur cinq pratique un instrument. La bonne gestion sonore et la prise en compte des risques auditifs liés à l’écoute des musiques amplifiées apparaissent donc bien comme une nécessité pour une filière musicale responsable. Les campagnes de prévention utilisent les principes de l’action culturelle pour diffuser les messages de bonnes pratiques. Le Pôle et l’Agence régionale de santé souhaitent poursuivre cette démarche avec des actions d’éducation aux médias en inscrivant Bouger en Mayenne parmi leurs partenaires.
L’association mayennaise Au Foin de la Rue organise, chaque été, le célèbre festival éponyme. Non seulement engagé dans la cause environnementale et l’accessibilité pour tous, le festival est devenu précurseur pour la prévention auditive et les adaptations sonores. A l’occasion du mois de la gestion sonore qui a lieu en novembre, quatre étudiants du BTS Communication du lycée d’Avesnières, Elsa Gaspard, Adélie Jouin, Margot Paris et Nathan de Freslon, ont interviewé deux membres de l’association. Merlin Loison, vice-trésorier et responsable des préventions sonores sur le festival et Clarisse Dieulois, chargée de la communication, ont ainsi témoigné de leurs nombreuses actions de protection contre les dangers sonores.
Quels sont les risques encourus dans les lieux à forte puissance sonore ?
Lors d’une forte exposition aux sons, notre organisme est confronté à des effets qui peuvent avoir des conséquences importantes sur notre corps, et surtout sur nos oreilles. «On peut subir une perte de fréquences, une baisse ou une perte totale de l’audition» indique Merlin Loison. Dans les endroits à haut niveau sonore comme dans un festival, certaines personnes peuvent ressentir des otalgies, c’est-à-dire des douleurs dans l’oreille, une surdité partielle ou momentanée. Ces effets ont un réel impact sur la santé puisqu’à long terme des acouphènes se produisent pouvant mener à une surdité totale.
Que faut-il savoir sur les niveaux sonores ?
Ce sont les décibels qui définissent le niveau sonore sur une échelle. Dès 90 décibels, il y a danger lors d’une exposition prolongée. Le festival obéit donc à des lois et des décrets en vigueur. Un affichage du niveau sonore est obligatoire comme nous le confie Merlin Loison. «Tout au long de notre festival, un sonomètre portatif est installé au bord de la scène et circule sur le site pour informer nos festivaliers». Le niveau sonore moyen avec de la musique amplifiée, mesuré sur 15 minutes, doit être à 102 décibels maximum. L’échelle des décibels n’est pas linéaire. Donc augmenter de 3 décibels correspond à multiplier par deux la puissance sonore. Pour assurer le tout, ce sont les régisseurs qui surveillent des niveaux sonores pour les artistes et les spectateurs.
Quels sont les moyens de prévention mis en place pendant le festival ?
Le festival installe un stand tenu par des bénévoles qui favorisent la sensibilisation, offrent des bouchons d’oreille en mousse ou moulés et prêtent des casques pour les enfants. Les bouchons d’oreille absorbent les sons aigus et protègent les tympans. «Sur le site, un espace non sonorisé appelé Chill out est créé pour que les festivaliers fassent une pause sonore». Le sonomètre, bien sûr, permet de ne pas dépasser le niveau réglementé de la puissance sonore. D’ailleurs, des contrôles sur les festivals peuvent survenir. Si le cadre légal n’est pas respecté, des amendes, des sanctions pénales et une saisie du matériel sont possibles. En dehors de l’événement, «l’association se mobilise aussi en organisant, chaque année, un concert éducatif dans les collèges et lycées pour sensibiliser les plus jeunes» précise Clarisse Dieulois. Enfin, le festival travaille avec l’Agence régionale de santé et l’association AGI-SON qui œuvre à une gestion sonore maîtrisée.
D’autres dispositifs sont-ils mis en place ?
L’association propose plusieurs aménagements pour les festivaliers malentendants ou en situation de surdité afin qu’ils profitent pleinement du festival. Tout est fait pour leur faciliter la perception et l’appréhension de la musique.
«Des boucles magnétiques, qui aident à recevoir directement le son dans les oreilles, et des gilets vibrants qui créent des vibrations dans le dos, sont mis à disposition» explique Merlin Loison. De plus, l’association Les Mains Balladeuses intervient sur certains concerts et chansigne les chansons. Sur scène, des chansigneurs traduisent, en langue des signes, les paroles des chansons et le rythme musical. Ils les expriment artistiquement avec l’expression du visage et du corps dans une véritable chorégraphie.
A savoir aussi : chaque vidéo de l’association Au Foin de la Rue est sous-titrée, sur les réseaux sociaux et sur le site internet, pour toucher le maximum de public.
Que faire pour sensibiliser notre entourage ?
Sensibiliser notre entourage contre les risques de surdité ne demande pas de gros efforts. Si l’on aperçoit des personnes en difficulté lors d’événements ayant un fort niveau sonore, il suffit de les emmener dans un endroit excentré où le bruit est moins fort et de les équiper de bouchons d’oreille. Le plus simple est d’en parler avec ses proches. Prévenir par des gestes courants pour une vie plus saine.
Ainsi, au festival Au Foin de la Rue, tout est fait pour prendre soin de nos oreilles et «faire la fête le mieux possible, pour tous et avec tous, avec une programmation de qualité». Nous en sommes désormais bien convaincus !
Elsa Gaspard, Adélie Jouin, Margot Paris, Nathan de Freslon
BTS Communication 1re année, lycée d’Avesnières.
Écoutez l’interview sur l'Autre Radio, le vendredi 13 novembre à 19h00 sur 101.7 à Laval et 107.9 à Château-Gontier. Rediffusion le samedi 14 novembre à 13h30.