Tout en restant fidèle au conte et à la partition de Prokofiev, Thierry Malandain parvient à réinventer Cendrillon. A la fois séduisant et surprenant, ce ballet pour vingt danseurs est un ravissement intelligent et raffiné.
De culture profondément classique, Thierry Malandain n’en n’est pas moins un créateur inventif et inspiré. Son écriture chorégraphique très ciselée et fluide mêlée à la virtuosité des interprètes font de ce Cendrillon un moment de grâce et d’émotion. Les personnages et les moments clés de l’histoire – la marâtre et ses deux filles, le carrosse et la scène du bal – sont traités avec ingéniosité, humour et justesse. Les deux héros, tout en sobriété délicate, atteignent une dimension poétique qui ne sombre jamais dans la mièvrerie. Leurs pas de deux sont rayonnants, enlevés et intenses. La musique de Prokofiev renforce le côté burlesque et cruel de certaines situations quand le décor se décline à l’infini sur une pantoufle de vair des plus modernes. Tous les ingrédients d’un grand ballet sont ici réunis.